guerre économique et commerce équitable

CITOYEN SPECTATEUR / PROJECTIONS / RENCONTRES / DEBATS

28 ET 29 AVRIL 2001, cinéma Georges Méliès, Montreuil, métro Croix-de-Chavaux

DE LA GUERRE ECONOMIQUE ET DE QUELQUES HYPOTHESES POUR EN SORTIR


"Les grands penseurs du XVIIIème siècle comme Adam Smith et d'autres voyaient dans le commerce, l'entreprise, et donc le capitalisme, le développement de ce qu'ils appelaient les passions douces, opposées aux passions guerrières de l'aristocratie. Ce que l'on n'avait pas prévu, c'est que l'entreprise génère la guerre économique par la concurrence, et que nous sommes en guerre économique."
Paul Ricoeur, entretiens

"Nous sommes dans la situation de ces gens qui avant la révolution française ou la révolution américaine ne voyaient pas comment passer d'un système à un autre. Notre tâche est d'inventer la démocratie au niveau international, comme nos ancêtres ont pu l'imaginer au niveau national..."
Susan George, extrait des actes du Citoyen Spectateur 6 mars 1998

A la fin du mois de janvier 2001, deux forums internationaux se sont tenus simultanément: d'un côté, en Suisse, le célèbre Forum économique mondial de Davos, de l'autre, le premier Forum social mondial de Porto Alegre au Brésil.

Le premier rassemblait comme à l'accoutumée d'éminents représentants de la société des gens de pouvoir, invités à Davos en tant que "global leaders": dirigeants d'entreprises, banquiers, gestionnaires de fonds de pension, chefs d'Etat, "leaders médias", experts et hauts fonctionnaires internationaux... Le second réunissait, dans une grande diversité, des mouvements de citoyens dont le principal dénominateur commun était la remise en cause du modèle économique dominant. Venus à Porto Alegre de plus de cent vingt pays, des organisations de paysans sans terre, des mouvements pour l'abolition de la dette des pays pauvres, des syndicalistes, mais aussi des élus politiques et des chercheurs se sont réunis non pour en rester à une critique du système actuel, mais pour définir des propositions susceptibles de le changer. Ensemble -une telle diversité n'a pas empêché un certain nombre de constats communs- ils ont d'abord rappelé ce qu'ils savent. En premier lieu, que le libre jeu des marchés n'est pas à même d'améliorer les conditions de vie de la majorité des êtres humains et d'accompagner un développement planétaire soutenable. Que par ailleurs, les actuelles règles du jeu de l'économie mondiale ne se sont pas affirmées par hasard: elles ont été imposées par quelques grands groupes grâce à un fructueux travail de lobbying et à l'appui indéfectible des mass media qu'ils possèdent ou financent.

Ainsi, à Porto Alegre, avec l'idée qu'un autre monde est possible, se sera poursuivi un travail de démystification et de pédagogie d'un nouveau type, à commencer par la mise en cause des fondements mêmes de l'économie dite "néolibérale", qu'on préfère nommer ici, économie prédatrice, ou guerrière.

Le premier Forum social mondial aura été une nouvelle occasion de rappeler, à toutes fins utiles, que nous disposons de divers moyens de résistance et de contre-offensive. Le recours à des textes de lois encore profondément marqués par la culture des droits de l'homme en est un. Mais on peut aussi ajouter une démocratie plus participative à promouvoir, la refondation des institutions internationales, la prise en compte d'indices du développement humain (et non des seuls PNB ou PIB), la redécouverte de la notion du bien commun, et un de ses corollaires: l'accès libre et gratuit aux savoirs de l'humanité et aux réseaux qui les diffusent.

Pour l'instant encore, même si le ton change parfois - si l'on juge par le nombre de lois où l'on peut lire désormais le mot "social" dans les rapports des organismes internationaux - les gouvernements poursuivent des politiques dont les maîtres mots semblent invariables: libre marché, privatisation, offre et demande, rentabilité, course, compétition, productivité, croissance, réduction des dépenses publiques, etc. Il faut cependant nuancer, si l'on en juge par les 350 parlementaires de plus de 100 pays qui ont fait le déplacement à Porto Alegre et signé un texte d'orientation commun reprenant les principales propositions du Forum: entre autres, l'annulation de la dette des pays pauvres, l'instauration d'une taxe sur les flux financiers, et la suppression des paradis fiscaux.


Dans un tel contexte, nul doute que le citoyen-consommateur réglera une partie du problème en faisant le choix des produits et services équitables. Nous pourrons certainement oeuvrer, aussi, pour que des normes soient édictées en matière d'étiquetage et de traçabilité des produits, et favoriser l'émergence de labels s'appuyant sur des chartes sociales ou écologiques claires. Mais nous n'obtiendrons probablement rien de décisif sans l'émergence d'une nouvelle vision des ressources planétaires et de l'économie, susceptible de donner un plus grand rôle au partage, à la cogestion et au droit, de favoriser réellement la coopération économique et non plus la guerre du même nom.


Récemment, parmi les exemples caractéristiques de ce modèle économique, les menaces exercées par les Etats-Unis sur le Brésil, et le procès intenté par les géants pharmaceutiques contre l'Afrique du Sud, au motif que ces deux pays ont donné la primauté aux soins des malades du sida sur la propriété industrielle. A ce titre, si vous n'avez pas encore signé la pétition de Médecins sans Frontières "La protection des vies humaines doit passer avant celle des brevets", nous vous engageons vivement à le faire.
http://www.paris.msf.org/msf/Content/News.msf/html/4UM7PW





Les Rendez-vous :
(Entrée : 20 F)

SAMEDI 18 AVRIL :
17h : "Bridging the divides" par la Cie TGV (Théâtre à grande vitesse)
17h20 : projection : Davos-Porto Alegre, notes sur quelques batailles en cours, (documentaire en chantier) présenté par Vincent Glenn (réalisateur) et Christopher Yggdre (co-auteur)
(Le film ne sera pas fini à cette date, vous ne pourrez donc en voir qu'un pré-montage... mais en exclusivité mondiale!)
18h30 : débat : Caractéristiques, causes et conséquences de la guerre économique 2
Avec la participation des associations  Attac, Max Havelaar, ACRIMED, Alterdoc, Zalea TV, Les pénphériques vous parlent, et les extraits d'un entretien filmé avec Bernard Doray (psychiatre, auteur entre autres, de >>L'inhumanitaire ou le cannibalisme guerrier à l'ère néolibéraIe)


DIMANCHE 19 AVRIL :
17h : projection courts métrages : Docteurmanager (inédit de la série "Scalpel" de Alice de Poncheville et Ruben Korenfeld) / L'âme du commerce (José Roberto Torero)  / L'île aux fleurs (Jorge Furtado)
18h : sélection d'images et sons diffusés par Zalea TV
19h : Conférence débat : économie sociale, commerce équitable, nouveaux alibis à une "gestion fidèle du capitalisme" ou alternatives à la guerre économique ?
Avec la participation de  Emmanuelle Cheilan (Max Havelaar), Denis Sieffert (journaliste à Politis), un représentant du secrétariat d'état à l'économie solidaire [sous réserve], Philippe Merlant (Transversales Scienc/lCulture), Hoang Ngoc Liem (économiste), Magda Zanoni (professeur à l'université Paris VII), Michel Fizbin (Zaléa TV)



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Samedi soir, un repas est prévu à l'issue des rencontres.
Pour ceux qui souhaitent rester, merci de confirmer (par teléphone au 01 42 87 02 73), afin que l'on puisse estimer le nomhre de convives. (PAF 50F)



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Rappelons, comme autre signe des temps évocateur, qu'a été créée à Paris; en 1997, l'Ecole de guerre économique (EGE). La formation y est dispensée par des scientifiques et des militaires. Les futurs cadres d'entreprise peuvent y apprendre à organiser et restructurer leurs troupes, à se préparer aux frappes informationnelles et à gérer les situations de crises médiatiques. Le champ de bataille a pris un nouveau visage: il est parsemé de clients, de fournisseurs, de législations locales. Les méthodes commerciales sont des attaques directes (débarquement sur le flanc ou parachutage) ou indirectes (annexion, subversion, dissuasion). La défense se pense dans une stratégie d'ensemble qui puisse contrer toute opération commando des parties ennemies.



Signalons cette même semaine la sortie du film de Philippe Diaz Nouvel ordre mondial, poursuivant en bien des points nos réflexions, retraçant les grandes étapes de la guerre au Sierra Leone et dévoilant les principaux acteurs économiques et politiques responsables de ce conflit. Âmes dépressives, s'abstenir!



rencontres organisées par l'association de l'autre côté, 10 rue Merlet, 93100 Montreuil, tél. 01 42 87 02 73
avec le soutien de la Ville de Montreuil et du conseil général de Seine-St-Denis


pour l'association de l'autre côté
Christel Chapin, Corinne Chiarada, Philippe Eyraud, Vincent Glenn, Alain Montesse. Eyal Sivan